Oé soutient les agriculteurs ✊🏼

Oé soutient les agriculteurs ✊🏼

La mobilisation des agriculteurs touche la France entière depuis plusieurs jours, alors avec l’équipe on s’est interrogé sur le pourquoi, et ce que cet appel à l’aide traduit de notre société. On s’est aussi demandé ce qu’on peut faire pour se mobiliser avec eux, on a quelques pistes en fin d’article !

 

Quelques raisons de la crise

26% des ménages agricoles vivent sous le seuil de pauvreté, le taux de suicide est de 43% de plus que la moyenne française.

 

Le cœur de leur métier ? Nous nourrir 3 fois par jour. On leur doit une fière chandelle ! Leur mission est indispensable, mais ils ne sont pas considérés et travaillent dans des conditions déplorables.  

 

Salaires volatiles dûs aux prix fixés par les marchés, catastrophes climatiques, travail tous les jours, tâches administratives très lourdes, absence de reconnaissance… Voilà une petite partie de à quoi les agriculteurs doivent faire face. Pendant ce temps, les profits enregistrés par les groupes industriels sont au plus haut. Ce sont pourtant eux qui achètent les céréales, fruits et légumes, lait, viande au prix bas.

 

Bon, inutile d’en ajouter plus. Le but ce n’est pas d’avoir le moral à zéro mais bel et bien de se mobiliser ensemble, de dire haut et fort qu’on les soutient et surtout de contribuer à trouver les solutions d’un monde meilleur pour demain.

 

 

Paysans vs “écolos” ?

Les tensions actuelles opposent deux “clans” : les “écolos” et les paysans. Pas évident de remettre en cause les normes environnementales trop strictes. Car les paysans sont en première ligne et subissent de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique. Sécheresses, inondations, tempêtes ont un impact direct sur les récoltes et leurs conditions de travail. Ce sont eux aussi qui voient les dégâts provoqués par les pesticides sur la biodiversité et la santé de leurs exploitations (leur santé aussi d’ailleurs)… 

 

Pendant des décennies, le libéralisme a favorisé les immenses cultures et l’utilisation des pesticides, mais un changement est urgent, pour les agriculteurs d’abord et pour toute la société. Le changement viendra même grâce à eux, et grâce à la transformation de l’agriculture en un modèle raisonné et respectueux de la terre.

 

Comme le dit Pierre Rabhi, agriculteur et défenseur de l’agroécologie : 

Le dogme de la croissance infinie dans un monde fini est dépassé. Il est urgent de changer de paradigme, de reconsidérer le lien qui nous unit à la terre, de valoriser la coopération plutôt que la compétition pour le bien-être de l’humanité dans son ensemble. L’agroécologie le permet.

 

L’agroécologie est déjà une réalité en France car la culture bio sans pesticides ni engrais minéraux représente 10% de la surface agricole française

 

Et de fait, les bénéficiaires d’un potentiel recul des normes seront les industriels, pas les paysans. La demande actuelle de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) très présente dans les médias vise à réautoriser certains pesticides toxiques. Sauf que cette fédération est un rassemblement des plus grands exploitants agricoles français, très peu représentatifs de l’ensemble des agriculteurs et agricultrices français. En plus, cette démarche met en péril la santé des agriculteurs, leurs conditions de production et notre environnement. On n’est clairement pas en phase avec cette approche qui favorise les intérêts à court terme au détriment d’une vision plus durable et respectueuse de l’environnement.

 

Comme le dit bien GreenPeace dans cet article qu’on vous conseille vraiment de lire

“Voter des normes environnementales plus ambitieuses ne suffit pas : il faut impérativement soutenir et accompagner les agriculteurs dans cette transition, faciliter leur mise en œuvre et lutter contre la concurrence déloyale de produits importés qui ne seraient pas soumis aux mêmes exigences environnementales et sociales.

Laisser croire qu’une suppression des normes environnementales résoudrait tous les problèmes est un mirage. Aider les agriculteurs dans leur mise en place est en revanche une nécessité absolue pour sortir de cette crise agricole.”

 

 

Les solutions à adopter

 

Les solutions côté consommateur

 

  • Donner du pouvoir à notre argent

 

Choisir d’acheter des produits français de saison permet de revaloriser le travail de nos agriculteurs et agricultrices. Peu importe l’endroit où vous faites vos courses (en supermarché, au marché ou autres), il y a plein de fruits et légumes locaux.

 

Consommer bio est un autre choix qui demande parfois plus d’efforts financiers. Et c’est ok si ce n’est pas accessible. Le but n’est pas de culpabiliser ceux qui ne peuvent se le permettre pour le moment, mais de s’engager collectivement pour que ces produits deviennent plus accessibles.

 

Notre carte bancaire a bien plus d’impact qu’on le croit, et notre consommation traduit le monde que nous voulons. Montrons à nos agriculteurs que nous aimons et valorisons leur travail. Cocorico 🇫🇷

 

 

 

  • S’informer, signer des pétitions, interpeller nos élus

 

Chez Oé, on essaie de prendre le temps de s’informer, de se tenir au courant de l’actu environnementale et sociale (entre autres pour vous en parler ensuite ;).

 

On est convaincus que le savoir c’est le pouvoir. En tant que citoyens d’une démocratie, on est tous un peu responsables de ce qui s’y passe. Psssst, le mot responsable n’est pas négatif, il vient du latin respondere qui veut dire répondre. On a bien sûr une responsabilité différente des personnes engagées en politique, mais on doit “surveiller” ce qu’elles font et manifester notre désaccord s’il existe. Car si on ne dit rien, c’est qu’au fond on est d’accord.

 

Alors on lit, on s’informe, on milite, on signe des pétitions quand elles nous semblent justes. On vous en propose deux ici :

 

Chez Oé, on s’est associé avec des supers marques engagées comme La Ruche qui dit Oui, La Fourche, Bio Demain… pour créer le mouvement Mangeons Durable, qui défend une agriculture et une alimentation durable. On vous invite à aller lire les 12 propositions de loi rédigées en 2022 pour les présidentielles car elles sont toujours d’actualité.

 

Les solutions côté gouvernement 

  • Redorer l’image de l’agriculture

 

Ceux qui travaillent la terre nous permettent à tous de manger trois fois par jour. Ça devient urgent que l’Etat donne envie aux personnes qui veulent devenir agriculteurs.

 

Avec plus de 400 000 agriculteurs sur son territoire répartis sur 390 000 domaines, la France est le premier pays agricole de l'Union Européenne. Pourtant, on comptait 1,6 million d’agriculteurs sur 1 million d’exploitations il y a 40 ans. Ces exploitations sont bien plus grandes aujourd’hui, elles ont gagné plus de 50% de surface en moyenne sur la même période, passant de 30 à 70 hectares en France métropolitaine.

 

Une étude du ministère de l’Agriculture montre qu’en 2020 les exploitants sont âgés en moyenne de 51,4 ans, et que la moitié des domaines sont dirigées par des personnes de 55 ans et plus. Leur départ à la retraite est une vraie source d’inconnu, car un tiers des agriculteurs ne savent pas ce que deviendra leur exploitation d’ici 3 ans.

 

Ces chiffres doivent nous poser énormément de questions. À l’heure où nous sommes toujours plus nombreux, comment se fait-il qu’il y ait de moins en moins de personnes pour nous nourrir ? Puisque l’agriculture est vitale, clé dans la lutte contre le réchauffement climatique et l’érosion de la biodiversité, qu’elle touche autant les écosystèmes que la santé, comment attirer dans ces professions ? 

 

La solution réside sans doute comme le dit Pierre Rabhi dans “le lien qui nous unit à la terre”. Développer l’agroécologie, l’agroforesterie, la permaculture dans les plus petites exploitations nous permettra probablement de revenir vers un modèle bien plus vertueux et soutenable. Encore faut-il que la vie des paysans soit rendue possible et valorisée à l’échelle de la société.

 

 

  • Créer des prix garantis pour les produits agricoles

 

Les agriculteurs doivent être rémunérés au juste prix. Le prix payé par les consommateurs devrait leur revenir en majorité, car ce sont eux qui travaillent d’arrache-pied pour nous nourrir.

 

En instaurant un revenu minimum agricole pour les agriculteurs, et en augmentant les aides de ceux qui sont en conversion vers le bio et déjà en agroécologie, on pourrait changer bien des choses. On pourrait aussi instaurer une TVA verte, c’est-à-dire à taux réduit pour les produits français, bio, décarbonés, issus de la vente directe. C’est comme ça qu’on aime militer chez Oé !

 

 

  • Encadrer les marges de la grande distribution

 

On sait peu ce qui se passe dans la grande distribution, le secteur est très opaque sur ses marges. Dans un contexte d’inflation depuis plusieurs mois, l’Observatoire de la Formation des Prix et des Marges Alimentaires (OFPM) indique une importante augmentation des marges de 57% sur les pâtes alimentaires toutes gammes et de 12,7 % sur un panier saisonnier de légumes entre 2021 et 2022. Sauf que les agriculteurs qui leur vendent le blé, les céréales, les fruits et légumes ne sont pas du tout sur la même augmentation de leur rémunération. Et ça c’est un problème. On vous propose de lire cet article de Foodwatch si vous voulez en savoir plus.

 

L’Etat pourrait aussi rendre obligatoire la publication des marges sur les produits alimentaires pour imposer une plus grande transparence. Avoir connaissance des marges permettra ensuite de les réglementer pour que les prix diminuent. Car à l’heure actuelle, ceux qui en paient le prix sont les agriculteurs d’un côté et les consommateurs de l’autre.

 

 

  • Réformer la Politique Agricole Commune

 

La PAC (Politique Agricole Commune) est une des raisons du mécontentement des agriculteurs. Cette stratégie définit l’orientation agricole de l’Union Européenne. La dernière orientation a été votée en 2023 et s’applique jusqu’en 2027. 

 

Le problème c’est qu’elle est trop contradictoire. Elle ajoute des normes environnementales et des objectifs de transformation de l’agriculture européenne, tout en accompagnant peu les petites exploitations qui se développent en ce sens.

 

Prenons un exemple. La plantation d’une haie est souvent très bénéfique pour la biodiversité. Elle empêche l’érosion des sols, réduit le vent, sert d’abri et d’habitat pour de nombreuses espèces d’animaux et contribue à régénérer les écosystèmes. Cette solution semble géniale, sauf qu’elle est soumise à 14 textes de lois différents. Vous imaginez la prise de tête ? C’est beaucoup d’administratif et beaucoup de temps que les agriculteurs ne peuvent pas passer dans leurs champs.

 

Il y a un autre gros problème concernant la PAC, c’est l’attribution des aides aux agriculteurs. La part d’aide est calculée en fonction du nombre d’hectares. En gros, plus le terrain est grand, plus il reçoit d’aides. Oui oui, ceux qui statistiquement utilisent le plus de pesticides car leurs exploitations sont immenses reçoivent 80% des aides distribuées.

L’UE joue donc un double jeu car la loi encourage le bio mais les aides valorisent les pesticides au lieu d’aider à changer de modèle. Résultat, les agriculteurs sont seuls et en colère. 

 

Il y a un gros sujet pour réorienter les financements issus de la PAC vers les plus petits domaines en agroécologie ou en conversion vers ce type d’agriculture.



 

En bref, dans l’équipe, on comprend très bien l’appel à l’aide lancé par les agriculteurs et agricultrices. Leur situation aujourd’hui est le résultat de décennies de libéralisation de l’agriculture et de choix politiques en ce sens.

 

Ça nous interroge beaucoup car on aura toujours autant besoin de manger, donc il est urgent de trouver des solutions durables. On est persuadés qu’on peut agir individuellement en achetant français, local, de saison, bio si on peut. Mais on est réalistes et on sait que ça ne suffira pas. L’Etat et l’UE doivent encourager l’agriculture et accompagner réellement les exploitants qui feront le changement vers un modèle vertueux. C’est pour ça qu’on doit manifester notre soutien aux agriculteurs et agricultrices, et le faire sentir aux responsables politiques.

 

En tout cas, on y croit très fort.

Aude et l’équipe Oé

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